C’est peut-être la plus impor­tante inno­va­tion du secteur agri­cole de ces dernières années et pour­tant elle est absente du grand raout annuel de l’a­gri­cul­ture, le salon éponyme qui se tient du 27 févri­er au 6 mars, porte de Ver­sailles. Les Amap, ou Asso­ci­a­tions pour le main­tien d’une agri­cul­ture paysanne dis­tribuent depuis le début des années 2000 des paniers de pro­duits agri­coles locaux — directe­ment du pro­duc­teur au consommateur.

Ini­tiale­ment conçue pour les act­ifs urbains (plutôt aisés : le panier moyen tourne autour de 15 euros par semaine pour deux à trois per­son­nes), l’ini­tia­tive vise désor­mais les étudiants.

Per­me­t­tre aux jeunes de bien manger et de leur faire décou­vrir le monde agri­cole sous son meilleur jour Rox­ane, gérante d’une Amap

Si elles révo­lu­tion­nent la rela­tion entre con­som­ma­teurs et pro­duc­teurs, les Amap sont sou­vent perçues comme une arme con­tre l’industrie agroal­i­men­taire, accusée d’abaisser le niveau de vie des agriculteurs.

En général, les Amap fonc­tion­nent sur la base d’un abon­nement. Les clients s’engagent pour un panier par semaine pen­dant une cer­taine durée (six mois par exem­ple). Com­ment séduire les jeunes et en par­ti­c­uliers les moins nan­tis d’en­tre eux, les étu­di­ants, avec un tel modèle ?

AMAP 1

Vingt à vingt-cinq paniers de légumes sont dis­tribués à Assas chaque semaine, par l’Amap de Roxane.

« Notre Amap est un peu par­ti­c­ulière car elle s’adresse à un pub­lic étu­di­ant unique­ment et tous les pro­duits sont four­nis par le même cul­ti­va­teur, explique Rox­ane, qui gère l’Amap l’Av­o­cati­er dis­tribuant chaque lun­di dans l’enceinte de l’Université Pan­théon-Assas. Sa moti­va­tion prin­ci­pale est de per­me­t­tre aux jeunes de bien manger et de leur faire décou­vrir le monde agri­cole sous son meilleur jour. » Dans ce cas pré­cis, tous les pro­duits sont bio et l’agriculteur, Patrick Boumard, des Yve­lines, a fait le choix de con­stituer un panier dif­férent chaque semaine. Cinq kilos de sur­pris­es pour 10 euros. Un prix com­péti­tif par rap­port à la majorité des pro­duits disponibles sur les étals des marchés et les ray­on­nages des grandes surfaces.

« Avec un panier, on a large­ment de quoi nour­rir deux per­son­nes… ou un végé­tarien, affirme Irène, une nou­velle abon­née. Quand j’en ai enten­du par­ler, j’ai tout de suite été embal­lée. C’est un bon moyen pour – enfin ! – manger cinq fruits et légumes par jour et décou­vrir de nou­veaux légumes. » Elle s’amuse en racon­tant ses séances de devinettes face à des fruits aux formes bis­cor­nues et des légumes aux couleurs incon­nues. Et même si ce n’était pas sa moti­va­tion prin­ci­pale, elle admet que « c’est cool, de faire un petit geste pour la planète ».

Il existe d’autres Amap de ce type dans les grandes villes étu­di­antes de France : Aix-en-ProvenceMar­seille, NantesToulouse

1600
Lancées en 2001, il exis­tait en France plus de 1600 Amap en 2012 

Manger mieux, aider les agricul­teurs, réduire son empreinte car­bone, les bonnes raisons de s’en­gager séduire dans la ten­dance « loca­vore », ou du manger local, sont nom­breuses. Con­crète­ment, local, c’est soit la ferme du pro­duc­teur, soit la ville la plus proche.

Le principe est en effet de sup­primer les inter­mé­di­aires, et donc les émis­sions de gaz à effet de serre des camions et autres avions qui achem­i­nent les pro­duits dont on raf­fole habituelle­ment (dénon­cez-vous, les mangeurs d’avocats !). La bonne nou­velle, c’est qu’il existe des cen­taines d’Amap partout en France. Elles sont toutes réper­toriées sur le site du réseau nation­al des Amap.

Crédits pho­tos : © Assas environnement